Avant de discuter des causes, je pense brièvement expédier les effets de mon comportement.
Je suis un être qui se parle à lui-même. De temps en temps, quelques intrus font barrage à mon monologue en apportant une perspective intellectuelle qui éveille mon intérêt. Les conversations m’ennuient, tout ce qui ne tourne pas autour de moi ou des combats m’ennuie.
A cet état léthargique se mêle une indifférence émotionnelle, que beaucoup qualifie de déshumanisante. Je ne sais trop comment l’expliquer, mais le pathos comme la joie sont pour moi un concours de circonstance auquel nous ne pouvons rien. Ce sont des effets qu’il est souvent possible d’anticiper, mais rarement altérer. Aussi, je ne comprends pas l’intérêt de s’étendre ainsi sur des choses dont nous ne portons aucune prise. Le bonheur se traduit par un jeu de hasard, et je me refuse à laisser le destin guider mon enthousiasme de manière si infantile.
C’est pourquoi l’on me demande souvent ce que je suis.
Parfois il m’arrive de me poser la question. Souvent lorsque je me contemple, je me plais à ressasser cette éternelle introspection, recherchant les causes à l’effet que présente cet esprit malade. Bien sûr, je pourrais vous détailler l’ensemble des caractéristiques de ce dysfonctionnement intérieur, avec les possibles cas de cause qui auraient marqués cette pensée vers sa conclusion déviante. Mais il résulte d’un exercice difficile, dont l’exhaustivité des hypothèses ne convient pas à une première approche.
Pour résumer la chose, mon esprit s’agence à la manière d’un intestin. Il est tortueux, compacté dans le confinement éthique, inutilement long, et sa principale activité reste de filtrer les informations entrantes pour nourrir cette machination intérieure. Me comprendre pourrait donc s’apparenter à suivre le cheminement de ces pensées, sans jamais en perdre la trace. Croyez-en mon expérience, cela n’en vaut pas l’effort, moi-même je m’y essaye sans succès.